Escale à Rio - 2 - balades

 


La baie de Guanabara

L’arrivée à Rio de Janeiro s’est faite par une belle soirée. À cette heure-là, la baie se dore des rayons du soleil qui jaillissent derrière les bras accueillants du saint patron de la ville.

Moetera avance tranquillement -au moteur, oui, pas très romantique, mais nécessité fait loi en l’absence de vent-, laissant le temps à l’équipage de deviner la silhouette du Pain de Sucre et de Copacabana dans son halo blanc d’embruns.

Les escouades de frégates et de fous brun accompagnent les barques de pêcheurs qui rentrent au port. Des curieux viennent survoler Moetera, constatent qu’il n’y a rien qui vaille un coup de bec sur le pont du catamaran et retournent à leurs affaires.



La baie de Guanabara forme un omega. Son entrée étroite est verrouillée par le relief du célèbre Pain de Sucre dans son sud qui fait face au fort de Santa Cruz de Barra. Elle ouvre sur une large baie de 30 km de profondeur. Il y a quelques centaines de millions d’années, un sacré chahut tectonique a créé ce panorama si caractéristique de la baie de Guanabara : des dizaines d’îlots éparpillés, un rivage découpé, des cônes, les morros (collines) sur lesquels s’accrochent favelas et vieux quartiers, et sur l’un des plus élevés d’entre eux, une gigantesque statue aux bras ouverts.

Moetera contourne le Pot de Beurre. Excusez le clin d’œil un tantinet cocardier… mais c’est aussi le nom donné au Pain de Sucre par les marchands normands, premiers occupants de la baie et venus faire commerce du bois brésil, le bois rouge. Le mousse mitraille, tente de fixer l’évènement -mais les résultats seront très décevants-, pensez donc, entrer en voilier dans la baie de Rio de Janeiro, l’émotion est forte, la main tremble un peu, il faut réaliser.

Pendant deux semaines, voiliers, vedettes, pilotes, optimistes, barques de pêcheurs, faux vieux gréements-bar à touristes circulent autour du catamaran amarré à une bouée, peut-être située un peu trop près de l’entrée dans la zone de mouillage.

Moetera se balance, mais peu importe, l’équipage abandonne pendant des journées entières son havre de paix.

Revenus à bord après une journée d’exploration urbaine, l’équipage  profite des ambiances musicales, un concert de samba sur la plage le samedi soir, la fausse goélette à bar qui passe devant le catamaran au rythme du hip hop, un apéritif musical sur le parapet de la berge.

Il était prévu de rester huit jours, puis 10, puis 12, finalement, ce fut 15 jours au mouillage dans la baie d’Urca, au pied du Pain de Sucre. Et les quelques tracasseries administratives n’ont pas réussi à gâcher le plaisir de l’équipage qui devient touriste.

Les écoles de samba ont rangé leurs chars, la préparation du carnaval 2026 reprendra en septembre. La saison chaude des pluies est passée, la chaleur moite n’accable plus le marcheur, les soirées ne sont pas encore trop fraîches et les cariocas s’attardent sur les plages. Mai, c’est un mois idéal pour jouer au touriste dans la métropole brésilienne.



Petite collection de magnets à aimanter sur la porte du frigo

Copacabana

C’est dimanche, les cariocas enfourchent le vélo, enfilent la tenue de jogger, déplient la poussette du petit dernier et parcourent en courant, marchant, pédalant, les larges avenues qui longent les plages de Copacabana et d’Ipanéma.

Les plages sont réservées aux sédentaires vêtus (si peu !) de l’uniforme brésilien du plagiste, bikini et maillot. Ils ont loué un parasol et une chaise, 15 réals la journée (2,40 euros), une misère, pourquoi s’en priver ? La glacière est déposée au centre du petit théâtre familial qu’ils ont formé sous le parasol. Les vendeurs à la sauvette sillonnent la plage, bardés de leurs bonbonnes de boissons glacées ou d’un barbecue portable. Les roulottes de caïpirinha fleurissent sur le boulevard. En semaine, après la journée de travail, les cariocas sportifs viennent disputer une partie de beach-volley et d’autres vont boire une « caïpi » à la terrasse d’une buvette. L’orchestre joue une samba, un couple danse.

La carte postale est connue dans le monde entier, évoquer Copacabana, c’est visualiser le bikini, la longue plage de sable et la partie de beach-volley, en bikini justement !




Favela

La visite d’une favela n’était pas au programme. Le taxi a déposé les deux français dans une belle avenue ombragée bordée d’immeubles cossus, un peu en retrait de la plage. Le projet était de rejoindre un sentier qui rejoint la gare du téléphérique menant au Pain de Sucre.

Les deux touristes s’engagent dans le petite rue qui grimpe le morro. À Rio, toutes les petites rues grimpent un morro, parfois en lacet, souvent raide sur la pente, et les favelas s’accrochent aux pentes les plus abruptes.

Quelques dizaines de mètres suffisent pour passer du quartier bourgeois à la favela.

Voisins mais s’ignorant.

Les français hésitent entre un escalier qui monte et une ruelle qui … monte. Ils ont atteint le cœur du quartier, mais rejoindre le sentier nécessite de traverser le quartier se situant au sommet de la favela.

Au coin de l’escalier, un homme accoudé au poteau électrique, interpelle les touristes. Il parle un peu l’anglais, il sait que les gringos cherchent leur chemin. Souriant, il tend un prospectus, il est guide justement !

Le hasard n’existe pas dans les favelas.

Les deux français déclinent sa proposition de revenir le lendemain pour monter au Pain de Sucre. Ce n’est pas leur intention. Juste une promenade sur un sentier en forêt, sur le versant de cette petite favela.

Oui, mais il se fait tard, insiste-t-il. Bientôt la nuit. Et la nuit…

Les gringos font demi-tour, empruntent un autre escalier. Et sont interpellés par un homme qui leur tend le même prospectus offrant ses services de guide. Le premier gars le rejoint. Il répète une dernière fois aux gringos : la nuit tombe. Le ton est ferme. Maintenant vous descendez par ce chemin.

Les gringos prennent le chemin du retour. On ne s’invite pas chez les gens sans prévenir, ce n’est pas correct.

Dans la ruelle qui dévale la pente, une troupe joyeuse d’enfants sort d’un jardin, les plus petits ont vêtu une cape de costume carnavalesque, l’un est taureau, l’autre est cheval. Sur la porte qu’ils viennent de franchir, une pancarte indique « soutien scolaire, ONG... ». La petite bande s’égaille dans un escalier qui traverse un immeuble. Sur une petite place, l’épicerie est bondée, c’est l’heure des courses. Dans la ruelle descendant à pic vers la belle avenue, deux hommes tirent une charrette à bras, vide. Le mousse imagine la charrette lourde de marchandises qu’il faut monter à l’épicerie.

Chez Marius

Sur l’avenue Atlantica qui borde Copacabana, les porcelaines, les cartes des Caraïbes, les chapeaux de pirates et les faux tromblons se disputent les murs d’un restaurant. Sur les dizaines de hublots cerclés de bronze reflètent les lustres en faux diamants. Des plafonds pendent d’immenses horloges, des lampions aux couleurs vives et des casques de scaphandriers antiques. On se demande si le pirate Rakham le Rouge viendra dîner dans sa grotte ce soir. L’endroit est « pirato-kitch », la cuisine est délicate. Une belle adresse offerte par ses fils et son mari, pour fêter le passage d’une dizaine supplémentaire pour le mousse.

Vieux quartiers

Ils ont dû abandonner les berges qui ont fait l’objet d’un grand plan de rénovation urbaine les transformant en une longue promenade arborée. Mais les vieux quartiers n’ont pas déserté le Centro. Les tours de verre jouent des coudes et dominent les façades aux couleurs fanées des maisons de commerçants dans les petites rues pavées.

Sillonner un vieux quartier, c’est grimper, toujours grimper ! Emprunter une petite ruelle aux pavés défoncés, profiter de la vue panoramique sur la ville, découvrir des petits musées où le mousse s’est retrouvé l’unique visiteur. Le charme suranné de balades en ville.

Urca

Petit quartier résidentiel au pied du Pain de Sucre. La baie accueille un Yacht Club, sans intérêt pour le plaisancier et extrêmement coûteux, ainsi qu’une zone de mouillage gérée par le très sympathique Giovanni.

L’équipage est impressionné par l’immense hangar qui enferme des centaines de supports, optimistes, 420, lasers. Le week-end, des norias de dériveurs traversent la baie pour disputer une régate.

Quand le soleil décline, les habitants du quartier se retrouvent sur le parapet des berges, une bière à la main. On discute en profitant des derniers rayons du soleil qui passent derrière le Christ Rédempteur.


Justement, le Corcovado

L’un des sites parmi les plus visités au monde. Allez savoir pourquoi, le mousse a choisi un samedi en fin de matinée pour s’y rendre, heure de grande fréquentation. L’inconscient a du estimer que bain de foule et visite d’un site de cette envergure sont associés. Difficile de jouer des coudes pour tenter la prise de vue panoramique (et si, quand même, le minuscule point sur la photo pourrait être Moetera…. Mais bon, pas certain non plus).

Le mousse reste interloqué par le manège des visiteurs. Le smartphone posé sur le sol, on se contorsionne les bras en croix devant la statue du Christ Rédempteur, clic clac. Plus difficile à réaliser quand on tente la photo de famille. La veille, le mousse s’interrogeait sur cette file d’attente devant un escalier décoré de faïences par un artiste chilien. On attend son tour pour se faire prendre en photo sur les marches de l’escalier.

Tourisme Instagram. Photo, publication et on repart.


Les deux français ont pris le temps de flâner au hasard, le capitaine a tenté un vol en parapente, le mousse a sillonné les vieux quartiers, ils se sont régalés de feijoada (ragoût de haricots rouges et viandes) et de churrasco (grillades), ils ont aimé les ambiances musicales. Pourtant ils n’ont pas pris le temps de randonner dans la plus grande forêt urbaine, Tujica, ni ne sont montés en téléphérique au Pain de Sucre qu’ils pouvaient admirer, chaque matin, du pont de leur catamaran.

Il reste tant à faire. Mais ils repartent repus de Rio de Janeiro, une belle rencontre.

Moetera reprend sa route vers le sud, cabotant d’îlots en baies sur la Costa Verde, le catamaran devrait atteindre Montevideo en juillet.

À suivre.







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